Présentation de l'atelier
L’idée de la conférence gesticulée est celle d’une transmission, qui n’est JAMAIS autorisée, jamais organisée : la transmission de l’expérience collective, (c’est-à-dire politique) que nous emmagasinons au fil de notre expérience.
La conférence gesticulée est une arme que le peuple se donne à lui-même. C’est une forme volontairement pauvre, pour ne pas être parasitée par des considérations «culturelles» où l’esthétique prendrait le pas sur le politique. Permettre à autrui d’entrer dans notre subjectivité et d’y atteindre l’universel et donc le politique en dévoilant les systèmes de domination à l’œuvre tels que nous les avons vécus.
Nous vous proposions lors de cet atelier de découvrir quelques expériences de création de conférences gesticulées...et d'y réfléchir ensemble.
Conclusions du travail des groupes
Une première précaution se dégage : bien que la Conférence gesticulée soit un concept d'origine française et se veut être un « outil de revendication de gauche anti-capitaliste, vecteur de transformation sociale », le groupe reste divisé quant à adhérer pleinement à ce préalable ; notre rôle n'est pas de fomenter des révolutions, ni de recréer des leader (Marx, Lénine, Mao ...).
Cependant la Conférence Gesticulée apparaît bel et bien comme un outil opérationnel, à la portée de l'encadrant Jeunesse, à condition que le questionnement de celui-ci aille au-delà de son propos : en d'autres termes, si nous souhaitons accompagner le Jeunes (notre mission) dans ses positionnements, son émancipation, en quoi sommes-nous crédibles dans nos positionnements au-delà de nos propos ? Quelle est notre attitude, notre posture personnelle dans notre vie quotidienne, professionnelle et personnelle ?
C'est une réponse à la question générique : la Conférence gesticulée apparaît comme un outil d'émancipation à condition que l'encadrant agisse d'abord sur lui-même, non seulement en questionnement sur soi, sur le monde, mais en action qui transforme soi et le monde.
Deuxième constat : la CG se décline sur des expertises : des« savoirs chauds » (ceux de l'expérience personnelle du conférencier sur une situation vécue comme injuste et des « savoirs froids », ceux qui éclairent l'injustice au-delà du personnel.
Il ne faut pas nécessairement en conclure que seuls les savoirs froids peuvent expliquer l'injustice, ce qui créerait un clivage (ceux qui savent et ceux qui ne savent pas) ; les savoirs chauds sont une expertise aussi ; les uns et les autres sont indissociables dans le principe de la CG.
Troisième constat/question: on est tous d'accord que le système est à changer, il est défaillant sur plusieurs points. On se pose la question « oui, mais que faire » ?
Si la CG est un outil de transformation sociale, alors mettons-la en pratique afin de laisser aux Jeunes la possibilité de faire leur choix au-travers de la CG, et non les embrigader dans une « lutte de gauche anti-capitaliste », quand bien même ceci serait le choix de l'un ou l'autre.
Quatrième constat/question : la CG ne risque-t-elle pas seulement de convaincre des convaincus ?
Tout dépend à qui on s'adresse.
Doutes, certitudes, souhaits
Bien que la CG se développe face à un public, avec des moyens théâtraux, ce n'est pas à proprement parler du théâtre : on peut programmer une CG ailleurs que sur une scène théâtrale, il ne faut pas de talents d'acteur ou conférencier, ou encore artiste. Elle peut se construire individuellement ou collectivement. Elle est assez proche de ce qui se développe en Belgique sous le label « Théâtre Action ».
Elle demande cependant une préparation, une formation en amont sur du long terme (travail sur soi, recherche des savoir-froids, articulations entre savoirs chauds et froids, animer un débat après. D'autres outils peuvent s'intégrer dans la CG : « le porteur de parole », le débat mouvant », « la désintoxiation du langage » ...
C'est un outil très opérationnel pour animer des débats avec des Jeunes, les faire réfléchir, réagir, nourrir leur réflexion (liens entre les injustices vécues personnellement et le contexte socio-économique et politique).
Demande
Compte-tenu de la qualité qui ressort de l'outil présenté et des échanges, une demande majoritiare conclut l'atelier : développer des formations en Conférence gesticulée dans le milieu animateur, enseignant, en Belgique.
Un grand merci aux personnes ressources de cet atelier (voir ci-dessous), ainsi qu'aux participants.
Thomas Predour
En
juillet 2012, lors du festival Le Manifeste, il a participé à la
création d'une conférence gesticulée collective sur le thème de
l'argent. Cette expérience insolite lui a donné l'envie de découvrir la
démarche proposée par la coopérative Le Pavé. Il
a ainsi suivi plusieurs formations avec eux pour découvrir et
s'approprier leurs outils d'Education Populaire. Il programme également
des conférences gesticulées à La Vénerie(Centre culturel de Watermael-Boitsfort) où il est animateur-directeur. Mais ceci n'est qu'un début !
Geneviève Cabodi
Animatrice et formatrice, Geneviève est aussi comédienne dans une cie de théâtre de rue, la cie des chemins de terre. Elle suit actuellement la formation chez Scop le Pavé pour devenir conférencier-gesticulant et donc construire une conférence gesticulée.
Pour aller plus loin
-mardi 28 janvier 2014 de 9h à 16h30 au Centre culturel de Seraing
Journée de rencontres professionnelles « Faire équipe autour d’une action culturelle renouvellée - Entre désirs et moyens: avec quelles méthodes, avec quelles compétences, avec quels outils? »
+ d'infos sur www.centresculturels.be
-Consultez le site de la scop le pavé
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